Portrait de Didier Zanette

Homme qui aime relever les défis, Didier Zanette a toujours fait preuve d’une persévérance sans faille. Jamais, il n’a abandonné l’idée de vivre un jour pleinement sa passion.

Né au Maroc en 1966, Didier Zanette s’intéresse aux formes d’art du continent africain. Ingénieur agronome, il s’installe en Nouvelle-Calédonie en 1990 pour y exercer la profession de banquier. Sa passion pour les arts, le pousse inévitablement à s’intéresser aux cultures océaniennes. Il voyage à travers le Pacifique pour enrichir sa collection personnelle et se livre à la photographie et à la peinture. En 2003, il abandonne la cravate, les chaussures de cuir et la serviette de banquier, pour suivre ses véritables aspirations, il sera argonaute. L’aventure commence…

 


Un homme de terrain

Un jour, Didier Zanette décide de franchir le pas. Il part à la découverte de pays où se trouvent encore des œuvres exemptes de toutes influences, des objets anciens, fabriqués pour certains avant les premiers contacts, aux qualités artistiques et ethnologiques indéniables. Ses recherches l’ont mené sur des terrains isolés, où les contacts avec les Occidentaux avaient été peu nombreux voire inexistants.
Dans de nombreuses régions, les objets anciens cohabitent avec des créations plus récentes, fabriqués tout au long du XXe siècle et encore maintenant, pour des besoins spirituels ou quotidiens. Loin de les ignorer, Didier Zanette a choisi d’en faire la collecte afin de promouvoir l’évolution des formes artistiques. Ainsi, peu importe qu’ils soient anciens ou récents, réalisés pour un cadre cérémoniel ou pour les besoins du marché! Ce qui compte c’est la beauté qui s’en dégage ! Au fur-et-à-mesure de ses périples, il affute son œil sur les esthétiques du Pacifique Sud. Avec la raréfaction des pièces anciennes, le versant contemporain prend plus d’ampleur dans ses recherches, et Didier est amené à s’intéresser aux populations aborigènes d’Australie et principalement aux peintres qui font désormais la réputation artistique du pays.

 

Un expert reconnu

Aujourd’hui, Didier est l’un des rares marchands contemporains internationaux, à parcourir des zones isolées ou rarement visitées. Durant ces voyages, il choisit de vivre au cœur des populations qu’il rencontre. Un privilège qui lui permet d’apprendre beaucoup sur les pièces qu’il collecte, ainsi que sur les us et coutumes de ses hôtes. Sa connaissance du terrain et les liens tissés sur place lui permettent de recueillir des objets de toutes périodes (statues, masques, armes, parures, monnaies…) avec les informations permettant de les apprécier selon les critères océaniens. Les savoirs acquis sur le terrain invitent Didier à revisiter les critères pour l’expertise des objets du Pacifique.

S’intéressant aux processus de fabrication anciens ou récents, il est en mesure de déceler sur les objets les traces de leur conception, les outils employés ou les essences utilisées. De ce fait, il fonde sa légitimité sur une connaissance intrinsèque des pratiques d’exécution des arts, et fait valoir une approche comparative entre les objets de toutes périodes, dont il a une maîtrise peu commune. Si les objets des musées peuvent donner des indications, il ne faut jamais oublier que sur place d’autres formes sont envisageables et que revenir à la source est essentiel. Cette sagacité lui a valu d’être nommé expert judiciaire près la cour d’appel de Nouméa, institution spécialisée dans des affaires du Pacifique.

En Australie, Didier ne se contente pas uniquement de fréquenter les coopératives et les centres d’art. Il va à la rencontre des artistes aborigènes. Il noue des contacts avec eux et souvent ces derniers l’invite à partager quelques temps leur vie quotidienne afin qu’il s’immerge dans leur travail. Passant de longs moments à leurs côtés, il se glisse dans le processus créatif, s’affranchissant du « temps du rêve » pour s’intéresser aux poétiques picturales. Les connaissances acquises par Didier au cours de ses voyages font régulièrement l’objet de publications et de conférences en vue de contribuer au rayonnement des cultures océaniennes et à une meilleure connaissance des populations géographiquement marginalisées mais qui conservent une grande richesse culturelle.

 


Un chef d’entreprise dynamique

Didier Zanette ouvre sa première galerie à Nouméa en 2003, puis une seconde à Nice en 2011, avant d’installer une galerie parisienne à Saint Germain des Près de 2013 à 2016. Fin 2016, il inaugure 300 m2 à Metz. Son souhait le plus cher étant de promouvoir les arts marginalisés, il expose aussi bien des œuvres du Pacifique Sud issues de ses voyages, que des créations provenant de territoires périphériques comme le Street Art. Il est souvent amener à rencontrer des artistes européens et à les soutenir, au même titre que les artistes du Pacifique, et ce dans une démarche complémentaire.

Il se présente comme un outsider : il aime transgresser les frontières de l’art, en déjouant les frontières physiques des territoires, en inversant les centres et les périphéries, en tendant des passerelles entre des artistes contemporains et des objets traditionnels ou en associant des œuvres cérémonielles d’exception à des objets issus des Renaissances culturelles.

Finalement, il ne s’éloigne pas nécessairement des modèles de galerie d’art du Pacifique, où tous les créateurs vivants sont considérés comme des artistes, car œuvrant avec fierté pour leur culture. Néanmoins, il ne se limite pas à présenter des œuvres mélanésiennes, et démontre avec finesse, que des liens artistiques unissent les Aborigènes aux autres artistes du Pacifique. Auprès des créateurs vivants du Pacifique, il exécute un travail de promotion de longue haleine, agissant pour les faire pénétrer dans les mondes de l’art international. Il est, avant tout, animé de la volonté de transmettre et de diffuser les connaissances acquises sur le terrain, de faire découvrir de nouvelles formes artistiques, et de défendre les qualités artistiques, passées et actuelles, des habitants du Pacifique.
Les choix de Didier Zanette sont validés par des experts universitaires ou museaux qui lui reconnaissent un talent pour choisir les œuvres et prendre des photographies. Il est d’ailleurs, à Nouméa, une figure incontournable pour pénétrer les arts et les cultures de la région. En plus des nombreux voyages qu’il effectue encore dans le Pacifique, il multiplie les partenariats avec des institutions océaniennes et européennes. Toujours enthousiasmé par des projets novateurs, il apprécie les défis !

Un photographe unique

S’articulant avec son activité de promoteur d’arts à travers laquelle il fait découvrir les cultures du Pacifique, Didier Zanette effectue un travail photographique afin de révéler ce continent méconnu. Les images qu’il rapporte de ses voyages sont autant de documents d’actualité qui abolissent la distance géographique entre le regardeur et le sujet traité. Elles permettent de pénétrer les spécificités des régions en vue de révéler les modes de vie et les expressions artistiques qui s’y jouent.
Parfois, comme dans le cadre de sa série « Painting faces », elles enregistrent des œuvres éphémères comme les peintures corporelles. Dans d’autres cas, comme dans sa série « Cérémonies de Nouvelle-Irlande », Didier Zanette travaille sur la mise en situation artistique des parures de danses. Lorsque les masques baining sont ramenés en occident, ils deviennent statiques.
La photographie joue alors un rôle important pour comprendre l’esthétique qui se dégage des objets dans leur contexte cérémoniel. Enfin, les photographies sont des témoignages des modes de vie des populations du Pacifique. Dans les pays où nature et culture sont intimement liées, Didier Zanette se consacre à une recherche esthétique particulière : interroger la présence des ancêtres.
Bien que Didier Zanette tente de s’effacer devant l’objet photographié, il a conscience que l’œil qu’il pose sur le Pacifique, est le même que celui qu’il met en place quand il recherche des objets. Il tente de capturer la beauté, l’insolite, l’unique et le hors norme. Comme pour les œuvres d’art qu’il présente dans ses galeries, ses photographies jouent sur les catégories : tantôt documentaires, tantôt témoignages, tantôt photographie d’art, elles sont autant de jeux sur les classifications.